Le Québec compte près de 8000 organismes
communautaires offrant des soins et services à sa population. Les organismes
communautaires interviennent dans la vie de centaines de milliers de personnes
annuellement. Environ 70 000 travailleuses et travailleurs œuvrent au sein
de ces organismes. Ces travailleuses et travailleurs gagnent, en moyenne, un
salaire de 24 dollars l’heure. Le taux horaire moyen, chez les
travailleuses et travailleurs au Québec, est d’environ 30 dollars l’heure.
36 % des travailleuses et travailleurs du secteur communautaire ont accès
à un régime de retraite ou accès à un REER avec contribution de l’employeur. 40 %
des travailleuses et des travailleurs du réseau communautaire ont accès à un régime
d’assurance-collective. Majoritairement, les travailleuses et des travailleurs
du secteur communautaires sont détenteurs d’une diplomation collégiale ou
universitaire.
Les organismes communautaires du
Québec détiennent une grande expertise en matière d’intervention au sein de la
population. Ils sont composés de gens compétents et ayant à cœur le bien-être
de la collectivité. Pour plusieurs, être employés de ces organismes est une
véritable vocation.
Nous pouvons affirmer, sans
l’ombre d’un doute, que le secteur communautaire est une nécessité au Québec.
Prenez quelques instants pour imaginer l’état de la province si ces organismes
étaient absents du paysage. Qui donc s’occuperait des plus démunis de notre
société ? Qui donc s’occuperait des gens qui ont faim, des femmes violentées,
des itinérants, des toxicomanes, des gagne-petit, des mal-logés, des
analphabètes, des gens souffrant de problèmes de santé mentale ? Vous voyez le
portrait ?
En tenant compte de la nécessité
de l’action communautaire, comment peut-on expliquer le piètre traitement consenti
aux travailleuses et aux travailleurs de ces organismes ? Comment peut-on
expliquer le fossé entre le salaire de ces travailleuses et travailleurs et le
salaire moyen au Québec ? Vous savez que de nombreuses personnes travaillant
auprès de banques alimentaires sont elles-mêmes bénéficiaires des denrées de
ces organismes ? Vous savez que des personnes œuvrant auprès des mal-logés
éprouvent elles-mêmes des problèmes à se loger convenablement ?
Les organismes communautaires
sont, en très grande partie, tributaires de subventions gouvernementales pour
mener à bien leurs missions. Ces subventions sont nettement insuffisantes pour
assurer un fonctionnement adéquat de ces organismes et assurer un salaire
décent aux personnes qui y travaillent. Des bris de services sont à prévoir.
D’ailleurs, actuellement, de nombreux organismes ont réduit leur offre de
service à la population. Ces organismes doivent gratter les fonds de tiroirs
pour loger leurs enseignes et offrir des salaires acceptables à leurs employés.
Actuellement, environ 80 %
des emplois dans le secteur communautaire sont détenus par des femmes. Peut-on
y voir une certaine explication concernant les faibles salaires offerts à ces
travailleuses ? On peut se poser la question.
J’entends parfois certaines
personnes dirent que les employés du secteur communautaire n’ont qu’à changer
d’emploi s’ils sont insatisfaits de leurs conditions. Qu’il y a de « bons
emplois payants » dans la fonction publique et le secteur privé ! Oui,
effectivement. Mais le problème reste entier. À la suite d’une migration de
certains employés du communautaire vers l’État et le privé, qui donc assurera
la mission de ces organismes ?
Il est primordial que l’État
réalise que les organismes communautaires viennent pallier, avec compétence et
dévouement, au manque de service à la population de ce gouvernement. Une très
grande partie des soins et services apportés aux plus démunis de notre
population est réalisée par le réseau des organismes communautaires au Québec.
Le gouvernement du Québec peut compter sur ce réseau pour assurer les soins et
services dont il s’est délesté. Encore faut-il qu’il donne les moyens
nécessaires aux organismes pour qu’ils puissent effectuer pleinement leurs
missions et qu’il cesse de considérer les travailleuses et les travailleurs du
réseau communautaire comme étant du « cheap labour » effectuant des tâches
qu’il ne veut ou ne peut prodiguer à la collectivité. Le sous-financement des
organismes communautaires est une forme certaine de mépris de la part du
gouvernement envers ces organismes et ses travailleuses et travailleurs.
Malgré des conditions difficiles
et un traitement modeste, les travailleuses et travailleurs du réseau
communautaire sont présents auprès de la population quotidiennement. Ils
accomplissent leurs tâches avec dévouement, compétence et bienveillance. Il y
a, chez nombre de ces employés, un véritable don de soi. Ne serait-il pas temps
que ces travailleuses et ces travailleurs soient considérés à leur juste valeur ?
Steeve Duguay
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