L’auteur américain Charles
Bukowski disait : « Le problème avec ce monde est que les personnes
intelligentes sont pleines de doutes tandis que les personnes stupides sont
pleines de confiance. » L’astrophysicien Stephen Hawking affirmait, pour sa
part : « Le pire ennemi de la connaissance n’est pas l’ignorance, mais
l’illusion de la connaissance. »
Il me semble tout à fait légitime
d’affirmer que la société privilégie davantage l’action à la réflexion. Les « gens
d’action » sont perçus comme étant des personnes proactives, pragmatiques,
orientées vers les résultats. Les personnes plus réfléchies sont souvent
considérées comme étant des intellectuels, des rêveurs, des idéalistes, des
personnes déconnectées du réel. Je caricature à peine !
J’ai toujours tenu en haute estime les gens privilégiant
la pensée, les idées, l’intelligence et la réflexion. Je considère que,
collectivement, nous avons grandement besoin de penseurs et de gens à l’esprit
critique aiguisé. Des gens qui ont acquis des connaissances par le réseau
académique et par l’expérience, le vécu. Des gens qui privilégient le savoir et
le savoir-faire. Malheureusement, il semble bien que ce type de personnes ne tienne
pas le haut du pavé actuellement.
Dans le même élan, j’ai toujours
été plutôt suspicieux envers les personnes qui s’annoncent comme étant des gens
d’action. Qu’est-ce qui se trame dans cette volonté d’être toujours en action ?
Une recherche d’approbation ? Une quête de reconnaissance sociale ? Une forme
d’anti-intellectualisme ?
Ne croyez pas que je tienne à
polariser le débat entre le fait d’être en action et celui de réfléchir. Il
m’apparait tout à fait louable de tendre vers un équilibre entre ces deux
éléments. Par contre, dans de nombreux milieux, il semble bien que l’action ait
pris le pas sur la réflexion…
Dans la sphère politique, tant au
fédéral, provincial et au municipal, il est de bon aloi de nous présenter les
élus comme étant des gens d’action. Des gens portés vers les résultats. Des
gens qui « connaissent » les besoins de la population. Des élus chez qui la
notion de doute semble absente. Le doute serait-il considéré comme une certaine
faiblesse ? Dans de nombreux partis politiques, la dissidence est même perçue
comme étant un élément néfaste. Il y a une ligne de parti et tous doivent la
suivre, sous peine de sanction. Lorsque cette ligne est énoncée, il n’y a plus
de place pour le doute. Qui m’aime me suive ! Vous êtes avec nous ou contre
nous ! Un esprit de corps comme celui qui existe dans le monde militaire.
Ces faits n’expliquent-ils pas la
piètre qualité des politiciens que nous avons actuellement ? Ces partis ne
recherchent-ils pas des suiveurs au détriment des penseurs ? Est-ce que cela
explique qu’un élu ayant été un petit entrepreneur en informatique et ayant menti
sur la teneur de son curriculum vitae soit devenu ministre de la Cybersécurité
et du Numérique au gouvernement de la CAQ ? Est-ce que cela explique qu’un élu,
ayant été anciennement vendeur de voitures usagées, soit devenu ministre de la
Sécurité publique dans ce même gouvernement ? Je prends ces deux cas en
exemples, mais il en existe de nombreux autres. D’ailleurs, la proportion de
gens issus du milieu des affaires est nettement plus grande à la CAQ que chez
les autres partis politiques. Le milieu des affaires n’est-il pas composé,
essentiellement, de gens d’action ?
Lors de la dernière campagne
électorale provinciale, j’ai fait l’exercice de comparer les curriculums vitae
des candidats des différents partis. J’ai pu constater que les candidats de
Québec Solidaire et du Parti Québécois détenaient une plus forte proportion
d’universitaires et de gens œuvrant dans la sphère sociale. C’est également au
sein de ces deux partis politiques que se font ressentir le plus de dissensions
et de débats d’idées. Est-ce anecdotique ? Je ne le crois pas.
Le poète Leonard Cohen a
écrit : « il y a des fentes, des fentes dans tout. C’est par là qu’entre
la lumière. » Je crois bien que les façades de certains partis et de certains
politiciens présentent, bien malheureusement, moins de fissures que chez
d’autres…
Steeve Duguay
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