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Articles

Affichage des articles du avril, 2024

Les gros ont la cote (texte publié dans la section Idées, Le Devoir, 26 avril 2024)

Think big s'ti ! Qui ne se souvient pas de cette déclaration de Bob "Elvis" Gratton, personnage coloré, joué avec brio par le comédien Julien Poulin et créé et mis en scène par Pierre Falardeau en 1983. Une scène d'anthologie dans ce film du réalisateur Falardeau qui tenait à dénoncer l'aliénation du peuple québécois à la culture américaine. Pour Gratton, tout doit être gros. Il vit dans une grosse maison, conduit un gros véhicule et possède un gros garage. Gratton lui-même est plutôt bien enrobé, adipeux. La grosseur, dans le film de Falardeau, est une représentation de l'abondance, de la prospérité et de la réussite. L'an dernier, la sociologue Dahlia Namian a publié, chez Lux Éditeur, un bouquin intitulé: La société de provocation, essai sur l'obscénité des riches . L'ouvrage de la sociologue traite de l'exhibitionnisme totalement décomplexé des ultrariches dans notre société. Un essai bien intéressant que je vous invite à lire. Oui, les mi...

Du sentiment d'impuissance et de la mort à petit feu

Vous êtes pas écœurés de mourir, bande de caves? Je me suis levé ce matin en ayant en tête cette phrase de l'écorché poète Claude Péloquin. Nous pouvons affirmer, sans l'ombre d'un doute, qu'il y a beaucoup de grogne actuellement au Québec. Ce ne sont pas les sujets qui manquent pour alimenter le courroux de la population: état de nos services publics, environnement, changements climatiques, immigration, fluctuations économiques, étiolement du filet social... etc. Notre grogne collective ne serait-elle pas symptomatique de notre sentiment d'impuissance? Sommes-nous entendus? Sommes-nous écoutés? Avons-nous une voix? Ces questionnements, fort légitimes, ne sont-ils pas, en quelque sorte, une critique de l'état de notre démocratie? Est-ce une réinterprétation du "no futur" scandé par le mouvement punk des années 70? J'entends plusieurs personnes affirmer que la démocratie se résume, sommairement, à appliquer un crochet sur un bulletin de vote tous l...

Ces vies brisées que l'on ne voit plus

 J'ai été, dans une vie lointaine, intervenant en centre jeunesse. C'était avant les réformes de 2003 et de 2015, réformes qui ont participé, en autre, à une centralisation accrue des soins de santé et des services sociaux au Québec. Mon travail consistait, je vous épargne les termes cliniques, à tenter de rafistoler, en l'espace de quelques mois, les vies d'adolescents et d'adolescentes qui nous étaient confiées par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). Je me souviens, je crois que c'était en 1994, d'un garçon prénommé Marc. Un grand garçon de 17 ans. Un garçon au regard triste et doux. Depuis sa tendre enfance, Marc avait vécu au sein d'une dizaine de milieux de vie différents: nombreuses familles d'accueil, foyers de groupes et finalement centre de réadaptation. Un "cas" classique. Un "enfant de la DPJ". Je me souviens que le terme "bout de ligne" était malheureusement utilisé pour nommer les centres de ...

De l'importance de l'humanité chez nos politiciens (texte publié dans la section libre opinion, Le Devoir, jeudi 28 mars 2024)

En 2018, la population du Québec a élu un gouvernement caquiste pragmatique et nettement tourné vers une croissance économique effrénée. Un gouvernement dirigé par quelques élus issus du monde des affaires et des sciences comptables. En 2022, la population a réélu ce même gouvernement. Actuellement, nul ne peut ignorer les multiples problèmes subsistant au Québec. Nous ne pouvons ignorer les graves problèmes qui affligent le réseau de la santé et des services sociaux ainsi que le réseau de l'enseignement et nous ne pouvons ignorer les graves lacunes dans le secteur de l'habitation. Le tissu social s'effrite, sacrifié sur l'autel de la croissance économique sans bornes menée par une poignée de comptables et d'élus issus du monde des affaires. Le gouvernement caquiste est pragmatique. Il le prouve quasi quotidiennement. Le 7 septembre dernier, le ministre responsable des Services sociaux "exhortait les élus à baisser le ton" alors qu'une élue municipale ...